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Abécédaire de l'action pour la justice climatique et sociale.

Alors comment agir ? Par où commencer ? Je reprends l’abécédaire publié sur le blog du Pr. Julia Steinberger, que je condense, adapte et traduis en français, mais que vous devriez aller lire. Le fond du propos est issu de son article, la forme et les commentaires sont de moi. J’y ajoute quelques infos.

L’abécédaire composé de 6 lettres : A is for advocacy, B is for Barricade, C is for Civil Disobedience, D is for Divest, E is for Election, L is for Lawsuit, I is for Individual.

A is for advocacy.
Nous devons communiquer, le plus possible sur les effets du changement climatique. Avec sincérité. Poser les questions, remettre en questions les préconçus, chercher à comprendre. Malheureusement je ne connais pas beaucoup de ressources en français sur le sujet, mais il existe des articles online, des chaînes youtube, des blogs, des podcasts… C'est la première raison pour laquelle j'écris tout ceci.

B is for Barricade.
Nous devons empêcher les constructions et extensions d'aéroports, les constructions d'autoroutes, l'extraction et exploitation des ressources fossiles, les pipelines, la déforestation…

C is for Civil Disobedience
Pour entrer en action il y a régulièrement des manifestations, parfois organisées par des lycéen-ne-s et étudiant-e-s mais aussi des associations – en France il y a des groupes comme Extinction Rebellion qui voient le jour à Rennes, Bordeaux, Montpellier, Marseile, Lyon, Paris, Clermont ou 350 à Lyon et Montpellier. Ces associations permettent d’échanger, de construire ensemble des actions efficaces. Partager des articles sur les réseaux sociaux ne suffit pas.

D is for Divest
Nous devons stopper tous les investissement dans les énergies fossiles. Le site fossilbanks.com recense les entreprises qui utilisent l’argent de leurs clients pour investir dans ce domaine, par exemple en France BNP/Paribas, BPCE/Natixis, le Crédit Agricole et la Société Générale, en Suisse, le Crédit Suisse et UBS, entre autres.  Vous pouvez faire savoir à votre banque que vous fermez votre compte en banque car leur pratiques ne correspondent pas à vos valeurs. Mais il ne s'agit pas seulement de l'argent de nos comptes en banque, il s'agit des investissement de nos employeurs, de nos collectivités locales, de nos états. Il faut écrire, appeler, s’organiser en associations pour réclamer la transparence et l'arrêt de ces investissements.

E is for Election
Il est impensable que la question du climat ne soit pas au centre du discours de n'importe quelle personne prétendant être élue à un quelconque poste de pouvoir. De manière plus critique encore : il est impensable de défendre des politiques d'exclusion, quand ce dont nous avons désespérément besoin est d'un tissu social fort, centré sur le partage des ressources et l'échange. La justice climatique nécessite une politique sociale.

L is for Lawsuit
Des actions en justice sont organisées. Il faut les soutenir, financièrement lorsque c'est possible, en parler autour de soi.

I is for Individual
Enfin,  à propos de la fausse opposition entre actions individuelles et collectives. La focalisation sur les actions individuelles depuis… au moins 20 ans nous a fait perdre de nombreuses et précieuses années. Vous vous souvenez des spots publicitaires avec Fabrice Lucchini pour nous inciter à ne pas laisser nos téléviseurs en veille ou à changer nos ampoules pour des basses consommation ? Moi oui "Parce que vos enfants, ils aiment les ours." Alors pendant des années on a éteint notre téléviseur chaque soir, en se disant que c'était ce qu'il fallait faire pour sauver les ours, la neige, la planète. Il est évident que ça ne suffit pas.

Une action globale et collective implique également que nous modifiions nos comportements au quotidien, on ne peut pas continuer à vivre exactement comme avant puisque c'est notre mode de vie basé sur les ressources fossiles et l'accumulation qui est la cause du problème. Nous devons donc changer notre mode de vie, globalement et collectivement. En plus des actions collectives listées plus haut, il faut questionner chaque aspect de notre mode de vie et se demander non pas si on désire telle ou telle chose, mais si elle est juste, et si non, comment faire autrement. Parfois, il faut s'entraider pour réussir à faire autrement, c'est pourquoi le collectif et l'individuel sont intimement liés.

Quelques actions individuelles sont possibles, même si elles ne suffisent pas :
- Ne plus prendre l'avion. Si vous prenez l'avion, cela représente probablement une part importante de vos émissions de gaz à effet de serre. Pour ma part, j'ai pris l'avion pour la dernière fois en 2018. Pour voyager en France ou en Europe pour le travail ou le plaisir, on peut trouver des trajets en train grâce aux sites interrail, loco2 ou trainline. Alors certes, ça prend plus de temps et ça coûte (un peu) plus cher que l'avion (parce que l'aviation est le seul secteur des transports à ne pas payer d'impôt sur les carburants !) C'est pour cela qu'en plus du choix personnel de ne plus prendre l'avion nous devons exiger la réouverture des petites lignes de train, plus de trains de nuit pour les longs trajets et surtout des trajets en train accessibles à tous.

- Ne plus prendre la voiture. Là encore, tout le monde n'a pas la possibilité de le faire, vu que nos emplois et toute notre infrastructure se concentre autour de la mobilité en voiture. C'est pour ça que nous devons exiger la réouverture des lignes de train, la gratuité et le développement des transports en commun impérativement accessibles aux personnes à mobilité réduite, le développement d'infrastructures pour favoriser les mobilités douces dans les villes et entre les communes. Pour ma part, j'ai la chance de pouvoir pédaler à peu près partout où je dois aller.

- Ne plus manger de produits animaux. L'impact de l'industrie de la viande, des produits laitiers, de la pêche est catastrophique. 70% de la pollution plastique dans les océans est due à des filets de pêche abandonnés en mer. Pour ma part je n'ai pas une alimentation entièrement végétale, je consomme encore beaucoup de produits laitiers et d'œufs, et si je suis "flexitarienne" depuis des années – un terme vague et pas très utile à mon sens mais qui veut dire que je ne mange quasiment pas de viande animale – je suis devenue végétarienne. Même si pour les personnes qui  n'en ont rien à faire du bien-être des animaux non-humains, le bien-être des animaux humains devrait nous inciter à réduire notre consommation de produits animaux.

- Souscrire à un fournisseur d’énergie verte comme énergie d’ici, énercoop et ilek. Si vous ne pouvez pas vous passer du gaz, ilek propose du gaz bio, c’est-à-dire du gaz produit à partir de déchets de production agricole dont les résidus servent d’engrais.

- Vivre dans des espaces à vivre adaptés au nombre de personnes qui vivent dans le foyer, suffisamment isolés du froid et de la chaleur pour limiter le chauffage et la climatisation

- Changer de banque pour une banque qui n’investit pas dans les énergies fossiles

- Consommer moins et développer un rapport à notre environnement qui ne repose pas uniquement sur la consommation de biens matériels mais sur le partage, de jeux, de repas, d'histoires, de jardins, de culture, de lectures (vivent les bibliothèques municipales, des espaces réellement révolutionnaires !), d'écriture…

Je rêve de villes où les mètres carrés de bureaux inoccupés seraient utilisés à meilleur escient, pour loger toutes les personnes qui en ont besoin. De villes sans publicité – et surtout sans panneaux LED qui consomment de l'énergie pour rien et provoquent de la pollution lumineuse – où tous les espaces plus très verts vacants puissent être transformés en jardins sauvages, en espace de jeu, en potagers. Jardiner est une activité que je ne peux que recommander, ça fait du bien à l'âme et manger ses propres radis procure une fierté idiote et magnifique. Je rêve d’une ville pleine de lieux coopératifs où l'on peut partager des outils, apprendre à réparer son ordi ou son vélo, coudre et raccommoder des vêtements, cuisiner pour plein de gens, faire des ateliers créatifs de toutes sortes, des spectacles, de la linogravure ou du tatouage, des jeux vidéos ou des kapla, n'importe quoi qui nous rassemble, qui n'exclue personne. Ça existe déjà, des îlots co-construits d'échange et de joie. Je nous souhaite qu'il y en ait partout et pour tous, et c'est à nous de les créer.



https://medium.com/@JKSteinberger/an-audacious-toolkit-actions-against-climate-breakdown-part-1-a-is-for-advocacy-7baa108f00e9

https://medium.com/@JKSteinberger/an-audacious-toolkit-actions-against-climate-breakdown-part-2-d-is-for-divest-9bbcbc694348

https://medium.com/@JKSteinberger/an-audacious-toolkit-actions-against-climate-breakdown-part-3-i-is-for-individual-f510ee035e13

https://www.youtube.com/channel/UCi6RkdaEqgRVKi3AzidF4ow/videos

https://www.fossilbanks.org/#banks

https://www.rts.ch/info/sciences-tech/7306664-le-prix-du-billet-d-avion-prendrait-l-ascenseur-si-le-kerosene-etait-taxe.html

https://www.theguardian.com/environment/2018/oct/10/huge-reduction-in-meat-eating-essential-to-avoid-climate-breakdown

https://www.lenouvelliste.ch/articles/monde/environnement-la-peche-provoque-plus-des-deux-tiers-des-gros-dechets-plastiques-en-mer-786017

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